HISTORIQUE
UNE TRADITION FAMILIALE
La saga Kaiser commence probablement vers 1875 avec Constantin Joseph Kaiser, tailleur de pierre à Laufon.
Elle se poursuit grâce à ses deux fils, eux aussi marbriers-sculpteurs. L’aîné, Joseph Constantin, s’établit à Delémont peu après la Première Guerre mondiale tandis que le cadet, Emile Robert, fera carrière à Bâle.
JOSEPH CONSTANTIN KAISER
UN PIONNIER JURASSIEN
Joseph Constantin Kaiser naît en 1886 à Delémont de parents originaires de Laufon, Constantin Joseph, tailleur de pierre et aubergiste, et Lina.
L’art de bien se former
Vers 1900, attiré par la sculpture, Joseph Constantin Kaiser fait un apprentissage de marbrier-sculpteur à Bâle. Son maître ne lui laissant pas assez d’initiative, il termine ses études chez un décorateur à Milan.
En 1906, grâce à la « bourse fédérale », il entame son « tour de France ». Un an plus tard, il revient travailler à Zurich chez le sculpteur Paul Abry et à Berne chez Anselmo Laurenti, sculpteur spécialisé dans les monuments funéraires. Début 1908, la bourse annuelle accordée par le Canton de Berne lui permet de rejoindre Paris et de s’inscrire à l’École nationale des arts décoratifs afin d’y étudier dessin et sculpture. Parallèlement, il fréquente quelques semaines l’Académie Julian où enseigne Jules Joseph Lefebvre, spécialiste du nu féminin. Alors qu’il effectue différentes études de mains et de pieds, l’une d’elles aurait attiré l’attention du célèbre Auguste Rodin.
Son apprentissage dura dix années et fut couronné de nombreux prix et médailles.
UNE PASSION DURABLE
De retour de Paris avec « de l’or au bout des doigts », il s’installe d’abord à Berne où il reçoit ses premières commandes, dont la restauration du fronton de la Cour suprême. Après la mobilisation, il revient dans sa ville natale qu’il ne quittera plus.
En l’été 1919, Joseph Constantin Kaiser épouse Emma Fischer dont il aura trois fils, Joseph, Pierre et Jean. A la même époque, il crée les médaillons de bronze du chemin de croix qui mène au Vorbourg à Delémont.
Parallèlement à la restauration du patrimoine public et à la réalisation d’oeuvres religieuses, on lui commande un monument à la mémoire des héros de la Grande Guerre des districts de Delémont et Laufon, destiné au cimetière de Delémont.
Sa participation à la 1re Exposition jurassienne de peinture, sculpture et gravure permet au public de découvrir l’artiste plutôt que l’artisan. Son habileté dans l’art du portrait (comme le buste posthume de Pierre Péquignat, en 1914) lui permet de réaliser ceux de saint Germain, de saint Randoald et de Virgile Rossel (1939).
UNE ŒUVRE RICHE ET VARIÉE
Joseph Constantin Kaiser passe de l’ombre à la lumière un peu tardivement et brièvement lorsqu’il dévoile la Vierge destinée à la fontaine de Notre-Dame. « Le sculpteur, lit-on dans Le Démocrate, a réussi, au prix d’un patient et talentueux labeur, à donner à ce bloc de pierre et à cette statue, copie très fidèle de l’ancienne, une nouvelle vie, une nouvelle splendeur. »
En 1955, il décède à soixante-neuf ans, en laissant une oeuvre publique méconnue mais considérable. Il a transmis son savoir-faire à ses fils, l’aventure de la marbrerie Kaiser se poursuivra avec eux.
ÉMILE ROBERT KAISER
Après sa scolarité à Delémont, Emile Robert part avec son frère Joseph Constantin étudier le dessin et la sculpture à l’École nationale des arts décoratifs de Paris. De retour à Delémont, il travaille avec son frère à la rénovation des fontaines.
Il s’établit ensuite à Bâle où il crée une entreprise de sculpture d’art et de monuments funéraires. Toute sa vie, il ne cessera de pratiquer également le dessin figuratif.
JOSEPH KAISER
UNE CRÉATIVITÉ LIBÉRÉE
Tôt, Joseph Kaiser, dit Jokaï, ressent le besoin d’étudier la sculpture : il fait son apprentissage de sculpteur sur pierre chez son père et suit, pendant la même période, les cours de dessin du peintre delémontain Armand Schwarz. En 1945, il s’inscrit à la Gewerbeschule à Bâle et à l’Académie des beaux-arts et des arts décoratifs à Paris. Il y fait la connaissance d’Alberto Giacometti dont il sera l’élève.
En 1956, Joseph s’installe dans l’atelier de son père, situé à la route de Porrentruy. Il se lance également dans une production personnelle et réalise des travaux de commande, comme le faucon en bronze de la fontaine de l’école de Courrendlin. Conçus dans un style figuratif, les bronzes de l’artiste seront sélectionnés à trois reprises au prestigieux Salon d’automne à Paris.
Jokaï meurt en février 2009.
PIERRE
KAISER
Né en 1921, Pierre Kaiser accomplit son apprentissage de marbrier-sculpteur
chez son père.
En 1951, il épouse Béatrice Brügger et aura deux enfants : Pierre et Josette.
JEAN
KAISER
Comme ses deux frères avant lui, Jean Kaiser, né en 1924, effectue un apprentissage de marbrier-sculpteur dans l’atelier de son père.
Il obtient son CFC en 1944 et, en 1946, il suit les cours de la Gewerbeschule à Bâle.
En 1975, il participe à la rénovation de la Maison Wicka à Delémont.
Il fonde à Delémont la Marbrerie jurassienne Pierre Kaiser, un atelier de marbrerie, monuments funéraires, cheminées d’art, pierres naturelles pour le bâtiment et le génie civil.
Pierre Kaiser décède en 1998.
En 1951, il épouse Marie Lachat avec laquelle il aura trois enfants : Jacqueline, Lucienne et Jean-René.
Il travaille avec ses frères jusqu’en 1968 puis fonde sa propre entreprise, Marbrerie Moderne Jean Kaiser, et construit en zone industrielle un nouvel atelier doté d’un parc de machines très moderne pour l’époque.
Il se spécialise dans l’art funéraire. Il décède en 1980. Son fils Jean-René reprend l’entreprise et crée la Marbrerie Kaiser SA.
JEAN-RENÉ KAISER
UNE ÉVOLUTION PERMANENTE
Fils de Jean Kaiser, Jean-René marche dans les pas de son père en faisant son apprentissage chez Jeker Natursteine à Berne, un atelier de sculpture sur pierre dédié à l’art funéraire. En 1980, alors en dernière année, Jean-René Kaiser fait face au décès soudain de son père et à la reprise de l’entreprise familiale spécialisée elle aussi dans l’art funéraire. Tout en continuant à fréquenter l’école professionnelle à Berne, il interrompt durant huit mois son travail chez Jeker et, associé à Armando Savoretti et Marie Kaiser, reprend l’entreprise.
Après l’obtention de son diplôme de sculpteur sur pierre, il choisit d’élargir l’offre de la société, devenue Kaiser SA, en proposant des plans de travail pour la cuisine et des travaux de marbrerie en général : dallage, escaliers, façades, salles de bains et restauration de bâtiments.
Double défi : le travail est inédit et nécessite d’importants investissements. La chance sourit aux audacieux, dit le proverbe. Et, de fait, Kaiser SA conquiert rapidement plusieurs chantiers, comme la rénovation de l’ancienne poste en vieille ville de Delémont, le dallage de l’hôpital, la restauration de l’Hôtel-Dieu à Porrentruy, lui assurant une solide réputation dans tout l’Arc jurassien.
En 1992, il épouse Gabrielle Goudron. En dehors de son rôle de chef d’entreprise, la vie de Jean-René Kaiser tourne autour de ses deux fils Simon et Marc, et du sport qu’il pratique assidûment. Sa passion pour la pierre naturelle le pousse à s’investir dans l’Association romande des métiers de la pierre afin de soutenir et d’améliorer la formation.
Fidèle à la tradition familiale, Jean-René est secondé par son épouse et par ses soeurs Lucienne et Jacqueline, elles aussi attachées à la pérennité de l’entreprise.
MARC KAISER
UNE CINQUIÈME GÉNÉRATION TRÈS MOTIVÉE
Enfant, Marc Kaiser dessine et sait déjà qu’il fera un métier manuel. Cailloux, marteaux et ciseaux se mélangent à ses jouets. La voie de Marc est tracée : quatre ans d’apprentissage à Lausanne pour l’obtention du CFC de tailleur de pierre, une année à Genève dans la restauration de monuments historiques, puis trois ans en Allemagne, toujours dans la restauration, se terminant par une maîtrise en taille de pierre à l’école des métiers FWG de Freiburg.
De ses aïeux, il hérite la passion pour la pierre et l’art de la soumettre à sa volonté. Il acquiert les indispensables connaissances des outils et des gestes. En artisan discret, lui seul sait quelle voûte de cave à vin, quel moellon de la façade de la cathédrale de Lausanne, quelle marche d’un escalier en colimaçon est le fruit de son travail de maître tailleur de pierre.